La radio avant 1981

La radio n’a pas 100 ans, du moins pas encore. Si pendant la guerre de 1914 à 1918 les communications “sans fil” se sont techniquement développées, ce n’est que le 6 novembre 1922 que le premier poste émetteur de radio commença ses émissions régulières à Paris.

La station s’appelle “Radiola”, l’émetteur appartenant à la SFR est implanté à Levallois-Perret et il émet en Grandes Ondes (1565 m), on peut certes l’écouter sur la région parisienne mais à l’époque seuls quelques initiés possèdent un récepteur, un millier tout au plus.

C’est le ministère des Postes (PTT) qui accorde l’autorisation provisoire d’émettre mais il est précisé que la publicité est interdite sur les ondes. La station n’en fera pas mais contournera la difficulté en inventant “les informations subventionnées”, … et oui, déjà en 1923 des marques sponsorisaient des émissions !

En 1924, la station change de nom et s’appelle désormais “Radio-Paris”. En plus de cette station privée existe aussi une radio de l’Etat, celle de l’école supérieure des PTT et certains politiques préféreraient que le monopole de la radiodiffusion soit établi.

Le gouvernement change, les choses s’arrangent et en 1925 deux stations décentralisées privées sont mises en service par la Compagnie Française de Radiodiffusion, Radio-Lyon et Radio-Toulouse.

Dans les 3 ans qui vont suivre des radios privées vont voir le jour en peu partout en France, mais il n’y a toujours pas de loi ni de texte officiel et elles sont tolérées sans pour autant être autorisées. Le premier texte de loi établissant des autorisations pour 5 ans parait dans la loi de finances du 19 mars 1928.

Dans le même temps que se développent les stations privées, l’Etat cherche a mettre en place un service de radio sous son contrôle, il finira par racheter le poste de Radio-Paris (1932) pour l’adjoindre à son “Poste Parisien” et planifiera de déployer sur tout le territoire un réseau des stations d’Etat.

Se pose alors le problème du financement de ce réseau d’Etat. C’est le 31 mai 1933 que va naître la “redevance pour droit d’usage”, (l’ancêtre de la redevance que nous payons aujourd’hui pour la télévision), pour les particuliers il en coûtera 15 francs pour les postes à galène et 50 pour les postes à lampes !

Sont aussi taxées à la vente les lampes des récepteurs, un peu comme le sont les CD de nos jours, vous voyez que les gouvernements récents n’ont rien inventé !

Les techniques aussi évoluent, la première diffusion d’un disque en lecture directe (pick-up) date de 1927 et la première émission d’un enregistrement monté à l’avance de 1934 (l’enregistrement été optique sur un film que l’on coupait et recollait).

Entre 1932 et 1937 naissent dans notre région Radio-Agen, Radio-Mont-de-Marsan et Radio Andorre.

La guerre des contenus fait rage également. En 1936, au début de la période du Front Populaire les radios d’Etat et la quasi-totalité des radios privées tiennent des propos réactionnaires puis en septembre les journaux de droite qualifieront la radio d’Etat de T.S.F…I.O (allusion à la Section Française de l’Internationale Ouvrière, nom du parti socialiste de l’époque). Enfin en septembre 1938 le gouvernement Daladier instaurera un contrôle de l’information dans les radios privées. Censure et épuration sont pratiques courantes.

Puis vient la période de l’occupation. Sous le régime de Vichy seules vont rester en fonction les radios qui acceptent de collaborer avec le régime et l’occupant, les autres seront saisies, mise à sac, leurs dirigeants seront arrêtés. La propagande nazie se répand sur les ondes françaises et durant ces années noires gare à ceux qui écoutent les autres stations. Il faut alors se cacher pour écouter la BBC et un petit chant moqueur fleuri sur certaines bouches “Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand !”.

Pendant l’occupation les radios de la zone sud vont continuer d’émettre mais sous un contrôle étroit de Vichy. Radio-Monte-Carlo va être rachetée et son capital deviendra en partie italien en partie allemand et aussi français au sein d’une société la SOFIRAD (société financière de radio) et Radio-Andorre durant toute la guerre se gardera bien de diffuser des informations.

A la libération c’est la confusion totale, le ministre de l’information du gouvernement de De Gaulle de la France libérée réquisitionne l’ensemble des installations des radios privées et le 26 mars 1945 une ordonnance instaure le monopole. Il va durer 36 ans.

En 1955, sur les restes de la station allemande Radio-Sarrebruck naîtra, avec l’aide de la SOFIRAD la station internationale Europe N°1. La SOFIRAD intervient aussi dans le capital de Radio Andorre qui se trouve être l’objet de litiges entre l’Espagne et la France, et qui va s’appeler Radio des Vallées-Andorre et enfin Sud-Radio en 1966.

Author: Jean François